L’un de nos clients a garé sa moto près d’une plage et est allé se baigner, en laissant ses clés dans son sac de plage.
Une fois sorti de sa baignade, il constate que les clés de sa moto lui ont été subtilisées, et que sa moto a disparu.
Sa moto sera retrouvée plusieurs mois plus tard, mais incendiée …
Etant assuré en « tous risques », il a demandé à sa compagnie d’assurance de l’indemniser pour le vol de sa moto.
Sa compagnie d’assurance a refusé, en lui indiquant que son contrat exige que le vol ait été commis « par effraction », ce qui n’aurait pas été le cas puisque le voleur aurait simplement utilisé les clés subtilisées sur la plage pour partir avec la moto.
L’affaire est portée devant le Tribunal d’Instance de BAYONNE, qui a estimé que la compagnie d’assurances n’avait pas à indemniser notre client, car il n’y aurait eu « ni effraction, ni violence ».
Nous avons alors relevé appel de ce jugement, et la Cour d’Appel de PAU a considéré au contraire que la compagnie d’assurances devait sa garantie à notre client, et l’a condamnée à l’indemniser de la valeur du véhicule volé.
À ce sujet, la Cour d’Appel a très justement rappelé que l’article 132-73 du Code pénal définit comme suit l’effraction :
« L’effraction consiste dans le forcement, la dégradation ou la destruction de tout dispositif de fermeture ou de toute espèce de clôture. Est assimilé à l’effraction l’usage de fausses clefs, de clefs indûment obtenues ou de tout instrument pouvant être frauduleusement employé pour actionner un dispositif de fermeture sans le forcer ni le dégrader. »
En conséquence, et ainsi que nous soutenions devant la Cour d’Appel, les clefs ayant été volées dans le sac de notre client, cette circonstance caractérisait un processus frauduleux et l’usage de ces clefs indûment obtenues a bien entraîné un vol considéré comme ayant été commis par effraction.
Dès lors, la Cour d’Appel a condamné la compagnie d’assurances à indemniser intégralement notre client de la valeur du véhicule ayant été volé.
L’effraction ne suppose donc pas forcément de dégradation, ce qui est pourtant très souvent soutenu par les compagnies d’assurance pour éviter d’indemniser …
(CA PAU – arrêt du 13 avril 2016 – N° 16/1563)